Entrepreneur(e)s en 2030
De quoi auront-ils besoin ?La France est secouée depuis 2 ans par une crise sanitaire qui n’a fait qu’accélérer la transformation du monde professionnel déjà progressivement initiée à la fin des années 2010.
En ce début 2022, nous commençons à voir des pratiques, mises en place lors des différents confinements de 2020 et 2021, s’installer durablement dans certains secteurs. Citons notamment le télétravail, les réunions et les formations à distance, un engagement dans des formations, accompagnements ou projet plus sélectif, une « consommation » des offres beaucoup plus à la carte et une place plus importante que jamais donnée à l’équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle.
En octobre 2021, Hauts-de-France Innovation Développement proposait au réseau régional de soutien à l’entrepreneuriat de se préparer à ces mutations en se projetant dans la prochaine décennie. Plus de 50 experts de l’entrepreneuriat ont répondu à l’appel lors du 1er Garage de l’Entrepreneuriat (photo ci-contre) à Lille pour se projeter sur ce que sera l’entrepreneuriat en 2030 et sur la manière de soutenir au mieux cet entrepreneuriat, dans un contexte aujourd’hui mouvant et incertain.
La Pyramide de Maslow des entrepreneurs
Les experts de l’entrepreneuriat se sont prêtés au jeu de se mettre dans la peau d’un·e entrepreneur·e en 2030 : l’outil de la « Carte d’empathie » a permis de cerner les besoins grandissants des entrepreneurs et de remettre à la conscience qu’ils renvoient tout simplement à ce que décrit Abraham Maslow dans sa pyramide.
Les besoins primaires, partagés depuis des années perdurent. Les porteurs de projet ou entrepreneurs ont besoin de sécurité et, au-delà du besoin atemporel de sécurité financière, apparaissent plus précisément les craintes liées aux risques sanitaires, aux tensions sur les ressources naturelles ou encore liées au climat géopolitique.
Depuis plusieurs années, les besoins secondaires se font de plus en plus ressentir. Il s’agit des besoins psychologiques et relationnels. Les porteurs de projet ou entrepreneurs expriment ainsi la nécessité d’être soutenus « psychologiquement » dans leur aventure entrepreneuriale. D’une part, par leur entourage proche mais aussi par une communauté de pairs, vivant comme eux la même expérience et donc pouvant les aider soit à garder le cap, soit à augmenter la voilure.
Enfin, la notion de sens est de plus en plus prégnante dans le monde du travail autant que chez les entrepreneurs d’aujourd’hui ou en devenir. Le contexte mouvant et incertain, du point de vue même de la survie de l’humanité, couplé à une sensibilité accrue des nouvelles générations aux enjeux de développement durable amène un entrepreneuriat fortement porteur de sens.
La carte d’empathie invitait les experts régionaux de l’accompagnement à la création/reprise d’entreprise à imaginer ce que l’entrepreneur·e pourrait penser ou ressentir, faire ou dire, voir ou entendre, craindre ou aspirer en 2030. Ils ont ensuite traduis cet exercice d’empathie en pas moins de 33 besoins qui, triés thématiquement, font ressortir particulièrement 7 notions :
- Le sens : valeur personnelle, éco-responsabilité, mesure de l’impact, etc.
- Le porteur dans sa dimension humaine : développement personnel, connaissance de soi, résilience, peurs, croyances, etc.
- Le relationnel : lien, entraide, partage, feedbacks, management, fidélisation, etc.
- Le soutien : famille, pairs, entrepreneuriat, psy, etc.
- L’équilibre : vie pro et perso, santé mentale et physique, apprendre à faire des choix, etc.
- Les moyens : matériels, financiers, admin et législative, infrastructures, phygital, matières premières et ressources, vision, perspectives, veille, connaissance marché/opportunités (PESTEL) , etc.
- La sécurité : financière, cyber, gestion du risque, mutualisation, rentabilité, etc.
Mettre la priorité sur le développement personnel de l’entrepreneur
Si nous analysons la créativité dont ont fait preuve les experts régionaux du soutien à l’entrepreneuriat lors de cette journée de projection vers 2030, nous remarquons qu’ils mettent largement l’accent sur la prise en compte de l’humain dans l’accompagnement. En effet, sur les 18 packs « Accompagnement de l’entrepreneur en 2030 » imaginés :
- 6 packs évoquent le développement personnel, la meilleure connaissance de soi, le développement de soft skills et l’empowerment ;
- 5 packs proposent de la rencontre, de l’échange humain, de la communauté ;
- 4 packs concernent la création d’entreprise en elle-même et, pour certains, une création en adéquation avec les valeurs et la RSE ;
- 3 packs permettent une meilleure information, de la veille sur les tendances, les nouveaux modèles.
”N’y voyons pas là un message pour ne plus accompagner sur le Montage de projet entrepreneurial dans ses aspects méthodologiques mais plutôt une confirmation de l’expertise des réseaux d’accompagnement sur ce plan d’une part et sur leur maturité à désormais renforcer, de manière complémentaire, l’accompagnement au développement personnel et relationnel de l’entrepreneur(e)” précise Laurine HERREMAN, Référent Entrepreneuriat et Facilitations chez HDFID
En savoir plus 👉Lire l’ensemble des productions du Garage de l’Entrepreneuriat
👉 Un article de Laurine HERREMAN – Référent Entrepreneuriat et Facilitations – Service Réseaux & Développement HDFID