Rencontres Entreprises et Territoires | Roubaix
Les rencontres Entreprises et Territoires à Roubaix : des ateliers inspirants.
Innovation frugale, la lowtech comme solution inspirante
La notion de « low-tech » fait référence à une approche technologique qui privilégie la simplicité, la durabilité et l’accessibilité, tout en favorisant une consommation de ressources limitée et un impact environnemental réduit. Loin d’être une régression technologique, la low-tech représente un état d’esprit qui cherche à répondre aux besoins essentiels de manière sobre et efficace, tout en respectant des valeurs sociales et environnementales fortes.
Trois piliers de la Low-Tech
Romuald Caron, responsable RSE à la BGE Hauts-de-France, souligne que la low-tech repose sur trois piliers fondamentaux :
- L’utilité : Les produits et services doivent répondre à des besoins essentiels, tout en étant utilisés par le plus grand nombre de personnes possible.
- L’accessibilité : Cela inclut la dimension financière (des produits abordables), la capacité à réparer les objets plutôt que de les remplacer, et une simplicité technique qui permet à chacun de participer activement.
- La démarche sociale : L’idée de partage, d’échange de connaissances et de collaboration est au cœur de la démarche low-tech. Cela favorise l’inclusion sociale et permet de redonner du pouvoir aux communautés locales.
On nous a ensuite présenté trois exemples « Low-Tech » qui illustrent cette approche.
La marmite norvégienne, un dispositif permettant de cuire des aliments sans source de chaleur continue, repose sur la conservation de la chaleur pour réduire la consommation d’énergie.
L’atelier partagé met à disposition des outils et matériaux pour fabriquer ou réparer des objets, favorisant l’accessibilité et le partage de connaissances.
Enfin, la voiture Gazelle, fabriquée à Bordeaux à partir de matériaux recyclés, réduit l’empreinte carbone en misant sur la fabrication locale et un design léger et durable.
Si vous voulez en savoir plus sur la low-tech et les innovations jugaad, n’hésitez pas à consulter notre article sur l’édition 2024 du Garage de l’Entrepreneuriat.
L’exemple de VEBO : La mobilité douce low-tech
Vincent Habart, créateur de VEBO, propose une innovation particulièrement intéressante dans le cadre de la mobilité douce. VEBO est un boîtier qui permet de transformer un vélo mécanique en vélo électrique. Simple et ingénieux, ce dispositif capte les mouvements du cycliste pour réduire l’effort, tout en ayant une autonomie de 40 km. Rechargeable sur une prise classique, ce boîtier ne nécessite même pas d’être allumé manuellement : il s’active dès que le vélo démarre.
Conçu avec des matières premières locales (aluminium, PVC, dibond recyclé), VEBO s’inscrit dans une démarche de fabrication locale, avec tous les partenaires à moins de 250 km. À une exception près (le moteur), chaque composant est issu du territoire. En collaboration avec des acteurs locaux comme les Repair Cafés et les ateliers solidaires, VEBO met un point d’honneur à favoriser la réparabilité : le boîtier est composé de seulement 16 pièces, toutes faciles à remplacer soi-même.
Vincent veut changer les habitudes en matière de mobilité, en incitant à se détourner de la voiture grâce à des solutions simples, locales et accessibles. Il s’appuie sur les aides territoriales (comme celles pour les vélos électriques) pour rendre sa technologie accessible au plus grand nombre.
RSE et Entrepreneuriat : donner à son projet une longueur d’avance !
Intégrer la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) dès la création d’un projet entrepreneurial est aujourd’hui un avantage compétitif. Selon Estelle Delecourt, spécialiste RSE au Parc d’Innovation de l’Artois, commencer avec des pratiques écologiques, sociales et économiques dès le départ permet aux start-ups de mieux s’adapter aux enjeux actuels.
Pourquoi les entrepreneurs se lancent-ils dans la RSE ?
Il existe plusieurs motivations chez les entrepreneurs pour démarrer une démarche RSE :
- Donner du sens à leurs actions : l’impact de l’entreprise dépasse alors le simple objectif de profit.
- Fixer une ligne directrice : la RSE devient un guide pour le développement de l’entreprise.
- Embarquer les collaborateurs : ces derniers sont de plus en plus sensibles aux valeurs de durabilité et de responsabilité.
- Répondre aux attentes des jeunes talents : une entreprise RSE attire davantage de candidats, notamment parmi les nouvelles générations qui refusent de travailler pour des entreprises non engagées.
- Anticiper les changements futurs : face aux crises des ressources, à la montée des coûts et aux évolutions réglementaires, la RSE permet d’anticiper les enjeux économiques et écologiques à venir.
Les obligations RSE pour les grandes entreprises
En France, les grandes entreprises sont légalement tenues de rendre compte de leurs performances sociétales et environnementales via le rapport CRSD (Corporate Social Responsibility Disclosure). Ce rapport englobe des données sur la gouvernance, l’impact social et les performances financières. Bien que cette obligation ne concerne pas directement les petites entreprises, celles-ci peuvent anticiper cette tendance pour se démarquer. En intégrant la RSE, elles augmentent leur performance globale de 13 %, attirant ainsi plus de clients et de talents.
Adapter son entreprise dans un monde en transition
Nous vivons dans un monde en pleine mutation : épuisement des ressources, hausse des prix, évolution rapide des attentes des consommateurs. Les entreprises doivent s’adapter, mais cela prend du temps et a un coût. C’est pourquoi il est essentiel de sensibiliser les entrepreneurs, de les accompagner dès les premières étapes, et d’intégrer progressivement la RSE dans leurs activités.
Une photographie des pratiques RSE
Estelle Delecourt insiste sur la nécessité de faire une sorte de “photographie” des pratiques RSE actuelles des entreprises. Cela permet de déterminer où il faut concentrer les efforts pour opérer des changements efficaces et prioritaires.
Ce travail d’acculturation – faire comprendre que la RSE dépasse largement les questions environnementales – est essentiel pour embarquer les entreprises dans la transition. C’est un enjeu de taille qui nécessite une approche globale, mais qui, à terme, apporte des bénéfices indéniables tant sur le plan humain qu’économique.
Entrepreneurs résilients : la force du handicap
L’atelier “Entrepreneurs résilients : la force du handicap” a mis en lumière des initiatives et des structures dédiées à l’accompagnement des personnes en situation de handicap dans leur parcours entrepreneurial. Cet événement a rassemblé divers intervenantes telles que Léa Delattre et Gwenaelle Dhé de l’association H’up, Céline Otlet de l’Agefiph, et Marion Envain, fondatrice de Manag’health, qui ont partagé leurs expertises respectives pour encourager l’inclusion des personnes en situation de handicap dans le monde de l’entrepreneuriat.
L’association H’up : un réseau de soutien pour les entrepreneurs handicapés
H’up est une association nationale qui accompagne les personnes en situation de handicap, quel que soit leur type de handicap, dans leur démarche entrepreneuriale. Que ce soit pour se lancer ou améliorer leur projet, H’up propose un accompagnement sur-mesure.
l’Agefiph : Un soutien essentiel pour l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap
Céline Otlet de l’Agefiph, l’association nationale du fonds d’insertion professionnel, présente les multiples initiatives mises en place pour accompagner les personnes en situation de handicap dans leur parcours professionnel. Avec 500 agences à travers la France, dont 35 dans les Hauts-de-France, l’Agefiph se concentre sur l’insertion et le maintien dans l’emploi, ainsi que sur l’accompagnement des demandeurs d’emploi et des salariés.
En 2023, l’Agefiph a accompagné 800 personnes dans les Hauts-de-France, aboutissant à 450 créations d’entreprises. Une fois l’entreprise établie, l’Agefiph aide à adapter les conditions de travail et propose des aménagements, y compris dans les organismes de formation. Malgré le fait que les personnes en situation de handicap entreprennent neuf fois moins que la moyenne, l’Agefiph s’engage à rééquilibrer cette situation et à promouvoir l’inclusion dans le monde entrepreneurial.
Créée en 1987, l’Agefiph œuvre en conformité avec la loi imposant un quota de 6% de travailleurs handicapés dans les entreprises de plus de 20 salariés. Son action comprend :
- Travail sur l’insertion et le maintien : Collaboration avec des collègues sur des diagnostics pour faire évoluer les mentalités, et sécurisation des parcours grâce à des partenariats avec des structures comme France Travail et des missions locales.
- Accompagnement à la création d’entreprise : Deux volets principaux :
- Financement : Dispositifs de financement pour la création d’entreprise, avec un accompagnement par BGE avant et après la création.
- Aides et subventions : Subventions allant jusqu’à 3000 euros pour aider au démarrage, sous certaines conditions (projet de 7500 euros, fonds propres de 1200 euros, etc.).
Inclusion et accessibilité : La vision de Marion de chez Manag’Health
Depuis quatre ans, Marion Envain, fondatrice de Manag’Health œuvre pour l’inclusion de tous dans la société, en se concentrant particulièrement sur les personnes en situation de handicap. Grâce à la méthode FALC (Facile à Lire et à Comprendre), elle facilite la compréhension et l’accès à l’information.
Et si on définissait le FALC en FALC ?
Pour concrétiser cette mission, Marion a créé son propre organisme de formation et de conseil, visant à rendre la communication accessible à tous. Bien que son initiative se soit initialement orientée vers les personnes en situation de handicap, ses ressources profitent également à un public plus large, en améliorant la compréhension générale de l’information. Parmi ses activités, elle participe au Collectif Handitech, qui regroupe des personnes désireuses d’innover autour des questions de handicap et de bien-être.
Les initiatives FALC engendrent des projets locaux qui offrent des formations, des conseils et des ateliers, notamment en partenariat avec des ESAT, pour transformer des documents complexes en formats accessibles.
Toutefois, Marion souligne que des préjugés persistent concernant le handicap, rendant difficile pour certaines personnes de se faire reconnaître. Ce manque de reconnaissance peut freiner le développement de leurs entreprises, car le regard porté sur des personnes qui affichent leur handicap peut entraîner une dévalorisation de leurs responsabilités.
Marion s’engage ainsi à changer ces mentalités et à promouvoir une culture d’inclusion bénéfique pour tous.