”HDFID a été politiquement confortée dans ses missions de porte d’entrée par la Région et il lui faut se concentrer sur son client : les entreprises” Bruno Desprez, président de HDFID

Après une première partie de l’année qui s’est avèrée très dynamique dans l’accompagnement des entreprises régionales, nous avons demandé à Bruno Desprez (Président de l’agence depuis mars 2023) de nous indiquer les actions prioritaires de HDFID pour le second semestre qui arrive. L’occasion d’évoquer également les enjeux et la feuille de route de l’agence au sein de la stratégie régionale d’innovation et de la dynamique régionale Rev3. Rencontre.

Vous avez été élu Président de HDFID en mars dernier. Quelles sont les actions prioritaires de l’agence que vous souhaitez engager pour ce second semestre 2023 et pour 2024 ?

Même si j’ai la chance de connaître en partie l’écosystème de l’innovation dans notre belle région, les premiers temps ont été, sont et seront consacrés à la bonne prise de connaissance et surtout au recueil d’échanges constructifs, sources de propositions des partenaires.

HDFID a été politiquement confortée dans ses missions de porte d’entrée par la Région Hauts-de-France et il lui faut se concentrer sur son client que sont les entreprises. Accomplir un meilleur service, c’est aussi recueillir, et ma priorité 2024 sera de définir les satisfactions, comme les insatisfactions, des actions et/ou de tout l’écosystème, clients comme accompagnateurs et partenaires. Toutes les critiques constructives sont à entendre, même si bien évidement il faut faire un tri en examinant l’équilibre souhaitable et réalisable. Les priorités de HDFID, comme celles de tout l’écosystème, doivent être guidées par nos clients.

Nos financeurs et en premier lieu la Région Hauts-de-France, à la fois notre ”Capitaine” mais aussi notre plus grand supporter, doivent être entendus, selon le bon principe du payeur décideur. Il y a donc une ambition territoriale. Il est clair aussi que toutes les actions et priorités doivent être mises en regard des actions politiques régionales. Nous devons remplir nos missions dont la principale est de s’assurer d’une bonne cohérence et synergie entre les agences financées par la Région, voire même au-delà par celles qui concourent à la bonne fluidité et efficacité d’un accompagnement à la démarche d’innovation.

[PHOTO] Bruno Desprez, Président de HDFID depuis mars 2023

Pour remplir ce rôle d’ambassadeur, d’animateur et rendre encore plus lisible l’écosystème de l’innovation, HDFID doit :

  • pouvoir mettre en valeur toutes les agences et partenaires financés par la Région, mais pas « que », ceux ne bénéficiant pas de subventions doivent être aussi impliqués.
  • pouvoir écouter et analyser les missions remplies par chacun de ses partenaires pour les dynamiser, leur faciliter et même provoquer les synergies en tout genres, par l’entraide et l’apport d’affaires, les actions collectives, en évitant les doublons et en mettant tour à tour les expertises, facilitant les complémentarités. Cela devrait permettre l’évaluation de ce que chacun sait faire mais aussi ne fait pas et peut ainsi être confié à un autre partenaire.
  • coordonner ou animer la mise en place d’outils collectifs, comme la base de données Astride (riche de toutes les visites, contacts et accompagnements d’entreprises par l’écosystème) non pas uniquement comme outil de reporting mais aussi comme source de décision stratégique.

Un autre point important est la préparation des rencontres avec les académiques. Certains entrepreneurs et certains chercheurs ont le désir de passer de la découverte ou de l’idée à l’innovation. Mais ils ont souvent peur de travailler ensemble par peur de l’inconnu. Les entreprises connaissent leurs spécificités, les universités aussi. Il faut maintenant qu’elles sachent mieux utiliser les savoir-faire de l’autre partie. Elles peuvent être aidées et accompagnées dans cette démarche en leur fournissant des occasions toujours plus nombreuses de se rencontrer. La FTLV (formation tout au long de la vie)  proposée par l’Université de Lille peut être une opportunité dans ce cadre en favorisant les rencontres et les échanges. La plateforme Plug in labs Hauts-de-France est une illustration de ce qui doit se réaliser dans ce cadre.

HDFID, ou en tout cas son Comité de Direction, doit aussi être attentif à ses propres collaborateurs. L’esprit d’équipe commence par sa propre équipe. Cela commence par les écouter dans leurs propositions d’amélioration, afin d’entretenir leurs motivations face à des missions parfois complexes. Les aspects formations sont aussi de ce point de vue, un point d’attention.

Si l’on avait à résumer, HDFID doit continuer à se concentrer sur ses missions et bien s’assurer du bon fonctionnement de l’écosystème en toute humilité, mais aussi en développant toujours plus de pédagogie et une bonne et saine communication pour susciter l’envie. C’est donc bien à la suite de ces entretiens avec les acteurs de l’innovation que les priorités se dessineront. Il serait souhaitable d’en rencontrer un maximum d’ici la fin de l’année, pour la mise en place d’un plan d’actions plus précis.

[PHOTOS] Le lundi 20 mars dernier, l’équipe HDFID a été reçue au siège de la Région Hauts-de-France par le Président Xavier Bertrand. Un moment marquant dans l’histoire de l’agence. 

Quel rôle HDFID joue dans l’accompagnement des entreprises et la stratégie régionale d’innovation ?

L’équipe HDFID est organisée en différents Pôles d’activités dont les principaux participent à la Direction Entreprises et Réseaux : le Pôle Création des Entreprises, le Pôle Développement des Entreprises, le Pôle Facilitation (animation entre les réseaux et leur suivi), le Pôle Europe Recherche Innovation et le Pôle Communication. Les titres sont suffisament explicites et correspondent bien aux différents aspects de l’accompagnement des entreprises. Nous intervenons en direct ou en mise en réseau suivant l’étape dans la démarche innovation.

On  constate un aspect entretien et accompagnement des démarches d’innovation de la startup à l’entreprise désireuse d’innover, mais aussi de prospection vers des entreprises en dehors des circuits d’accompagnements et de financements.

Dans ce schéma HDFID a essayé de retranscrire ses activités en indicateurs les plus chiffrés possibles. Il faut encore les travailler pour qu’ils soient plus représentatifs d’une dynamique et non de simples descripteurs quantitatifs. Ils doivent s’inscrire dans une direction, une signification, avec pour mission d’être le plus clair possible sur les objectifs plus encore que sur les moyens. Les indicateurs de synergie, d’apporteurs d’affaires, d’insatisfactions voire d’insuccès doivent aussi faire partie intégrante de ces tableaux de bords. Ils doivent aider à recentrer la stratégie et à prioriser les actions. Nous ne devons pas être dans une sorte de course au nombre d’entreprises mais, avant de toucher le plus grand nombre, il convient de gérer et contrôler la qualité du service et la satisfaction des clients. Leur acculturation et leur fidélisation doivent être intégrées dans nos indicateurs. Notre rôle est bien d’avoir des entreprises satisfaites et heureuses d’être accompagnées dans leurs innovations.

Si les outils collectifs à disposition doivent être au cœur de nos actions pour mieux réaliser ces synergies, il faut aussi mieux montrer que les partenaires de notre écosystème y trouvent leur intérêt. Nous avons besoin de tous dans cette démarche, d’une conviction d’ensemble et d’actions concertées.

Enfin, notre volonté est bien de s’incrire dans un territoire qu’est celui des Hauts-de-France et d’essayer de couvrir au mieux sa géographie et les différentes typologies d’acteurs. PME et territoires isolés sont une priorité dans les prospections.

HDFID n’est pas le faiseur mais bien l’animateur et l’accompagnateur. L’agence pourra guider à condition que les entreprises soient bien reçues et qu’elle réponde à leurs attentes quelque soit le guichet.

Nous sommes riches de plus de 60 partenaires et de 600 collaborateurs pour ne pas dire experts…à nous d’être le chef d’orchestre de ces musiciens d’exception au service de l’auditoire, non pour les diriger mais pour les mettre à la fois individuellement en valeur mais aussi et surtout en orchestre.

L’action de HDFID auprès des entreprises s’inscrit aussi nécessairement dans la démarche régionale Rev3. Dans les Hauts-de-France, on est déjà dans l’économie de demain ?

Toute démarche d’innovation est déjà inscrite dans l’économie de demain. Le processus d’innovation reste souvent long. Il faut donc toujours s’inscrire dans le mouvement, savoir regarder à long terme : quels seront les priorités, les besoins, les envies, les réglementations dans une dizaine d’années. Il y aura des constantes, mais on sait aussi pertinemment qu’un certain nombre de révolutions, de transitions seront bien plus avancées, rendues souvent obligatoires pour ne serait-ce que survivre, être suffisamment compétitif.

HDFID soutient le développement par l’innovation via l’animation des parcs d’innovation, les projets européens et les différents réseaux. HDFID manquait effectivement d’un portage politique. Sur les directions, elles sont clairement définies. Le Schéma Régional de Développement Économique, d’Innovation et d’Internationalisation (SRDEII), Rev3…tout cela nous donne le cap et les objectifs.

On peut aussi dire que le Président Xavier Bertrand et son équipe ont pris une position claire sur le rôle de HDFID. L’agence est considérée comme la porte d’entrée pour aller vers l’innovation. Elle a pour objectif l’accueil des entreprises et leur plus grande acculturation vers l’innovation tout en s’appuyant sur une plus grande collaboration avec les membres de l’écosystème, les réseaux mis en place et à optimiser.

Maintenant c’est le comment qui nous est confié. Nous devons être tels des ambassadeurs, prospecter, acueillir, accompagner en incitant en favorisant. Nous devons réussir nos missions par la motivation plus que par le toujours plus. Les entrepreneurs ont les épaules chargées par des demandes toujours plus exigeantes. Ils sont aussi et d’abord occupés à entreprendre et doivent être respectés et même admirés pour cela. Nous devons les convaincre d’aller vers l’innovation et suivre les évolutions, s’inscrire dans leur temps. Il nous faut être attentifs aux plus petits, pas forcément en taille, mais ceux dont les charges sont si lourdes, les difficultés et challenges si importants qu’ils ne voient pas ou ont peur de s’engager dans une démarche d’innovation.

Accélérer la Transition Numérique, diagnostiquer, sécuriser la sécurité informatique des entreprises, favoriser les innovations durables, aller vers l’Industrie du Futur…tout cela doit animer nos actions sans cependant qu’elles soient dogmatiques et pesantes. Encore une fois, il nous faut être au service d’entrepreneurs, afin qu’ils soient innovants et enfin qu’ils suivent naturellement et volontairement les objectifs de modernisation impulsés par la politique.

[PHOTO – de gauche à droite] Jean-Michel Lobry (Weo), Antoine Macret (directeur HDFID) et Frédéric Motte (Conseiller Régional des Hauts-de-France et Président de la Mission REV3) le 2 juin 2022 lors de la première édition des rendez-vous du développement business organisé à Lille au siège de Région.

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