Les bénéfices à participer à un projet européen
#4 un projet peut en cacher un autre
Les financements européens n’ont pas leur pareil au plan national, tant par le montant de l’aide que par le niveau de risque et d’ambition qu’ils peuvent prendre en compte. Que vous soyez chercheur ou entrepreneur, s’impliquer dans des projets européens, c’est travailler avec les leaders d’un secteur, avoir une longueur d’avance par rapport à l’état de l’art et aux concurrents sur les innovations à venir ou encore gagner du temps de prospection pour accéder à de nouveaux marchés. Cependant, les bénéfices et impacts des projets européens sont bien souvent méconnus et le chemin (pour les obtenir), largement appréhendé.
Cette série de témoignages (épisode 1, épisode 2, épisode 3) fera la lumière sur quelques projets financés par le programme Horizon 2020. Les porteurs (chercheurs, entrepreneurs, centres de R&D, clusters, etc.) partagent avec vous leurs retours d’expérience. Le but ? Vous permettre de vous projeter grâce à des exemples concrets et pourquoi pas, vous ouvrir aux opportunités européennes ?
Poursuivons la série avec le projet PANG coordonné par L’Institut d’Electronique, de Microélectronique et de Nanotechnologie (IEMN), une unité de recherche de l’Université de Lille ; une participation qui a entrainé entre autres un effet levier pour d’autres financements.
Sabine SZUNERITS, chercheuse à l’IEMN et professeure à l’Université de Lille, partage son retour d’expérience de la coordination de ce projet aujourd’hui terminé et des bénéfices que l’unité de recherche en a tiré par la suite.
Le projet
Nom : PANG, Pathogen and Graphene
Type : Projet collaboratif de recherche appliquée
Appel à projets : Actions Marie Sklodowska-Curie – Research and Innovation Staff Exchange (RISE)
Partenaires régionaux : 1) Institut d’Electronique, de Microélectronique et de Nanotechnologie (IEMN) (Université Lille, CNRS, Centrale Lille, Université Polytechnique Hauts-de-France, (UMR 8520) et l’entreprise LSO Medical
Durée : 2016 – 2019
Subventions reçues par les partenaires en HDF : 157 500€
Actions Marie Sklodowska-Curie – Research and Innovation Staff Exchange (RISE)
Cet instrument vise à encourager des collaborations internationales et intersectorielles à travers des échanges de personnel de recherche et innovation, ainsi que le partage de savoirs et d’idées de la recherche vers le marché (et vice-versa) pour l’avancement de la science et le développement de l’innovation.
Le projet
Les complications liées aux maladies infectieuses ont considérablement diminué, en particulier dans les pays développés, grâce aux antibiotiques et aux agents antimicrobiens. Cependant, leur utilisation excessive augmente de façon significative le nombre de bactéries résistantes à ces médicaments, ce qui est une menace pour la santé publique. Ce fardeau dû à ces infections est comparable à celui de la grippe, la tuberculose et le HIV/SIDA combinés. La montée inexorable de la résistance aux antibiotiques ainsi que le faible nombre de nouveaux antibiotiques amène à devoir trouver des solutions alternatives. La lutte antimicrobienne est devenue primordiale en médecine moderne et beaucoup d’opérations chirurgicales ne pourraient être faites sans celle-ci. Il y a donc une forte demande pour développer de nouveaux médicaments et de nouvelles thérapies pour combattre ces infections bactériennes.
De nouvelles stratégies réduisant l’utilisation d’antibiotiques, tout en prévenant et traitant les infections humaines et animales, doivent être investiguées, mises au point et approuvées. Parmi ces approches diverses, l’utilisation du graphène (feuillet extrêmement fin constitué d’atomes de carbone) pourrait être une solution prometteuse pour combattre cette résistance aux médicaments antimicrobiens.
Le projet PANG vise à investiguer le potentiel anti-microbien de nanomatériaux à base de graphène permettant le développement de thérapies non invasives – c’est-à-dire ne nécessitant pas d’intervention chirurgicale et ne causant pas de destruction des tissus – notamment au moyen de patchs transdermiques*. Pour ce faire, l’IEMN a réuni toutes les compétences nécessaires avec des partenaires académiques français, allemand, suédois et ukrainien et 3 PMEs française, turque et espagnole.
*Un patch transdermique est un dispositif (timbre) qui contient un médicament et qui est appliqué sur la peau pour une absorption progressive de principe actif (médicament).
Quelques chiffres marquants sur la résistance bactérienne aux antibiotiques (Europe) :
personnes en meurent chaque année en Europe
%
de ce phénomène est dû à des infections associées aux soins de santé
coûts annuels en milliard d'euros de soins de santé associés à cette résistance (estimation)*
Des objectifs clairement définis…
L’équipe-projet s’était donné quatres objectifs, tous atteints.
La première phase du projet était axée sur les deux premiers objectifs :
- Développement de nouvelles matrices antibactériennes à base de graphène, test de leur toxicité et potentiel bactéricide.
- Utilisation de nouvelle architectures sous formes de suspensions et de patchs transdermiques afin de tuer des pathogènes via une thérapie non invasive photo-thermique.
La seconde phase du projet était consacrée à la résolutions de ces deux objectifs :
- Obtenir une meilleure compréhension des effets de ces nouvelles structures sur le système immunitaire.
- Développer des prototypes de matrices antibactériennes à base de graphène et de patchs antibactériaux transdermiques avec les PMEs impliquées dans le projet.
… et des résultats concrets
- Développement d’un patch flexible à base de graphène permettant un traitement rapide et efficace par irradiation photothermique des infections des plaies sous cutanées.
- Développement d’une nouvelle plateforme basée sur des nanofibres pour le déclenchement photothermique sur demande de relargage d’antibiotiques.
- Amélioration de l’activité antibactérienne de puits quantique de carbone fonctionnalisés avec un antibiotique et combiné à des effets photodynamiques déclenchées par de la lumière visible.
- Patch cutané pour le relargage et le stockage de médicaments.
- Utilisation de la résonance par plasmon pour la compréhension de l’effet du fluage sur la liaison de pathogène sur la mucine (principale protéine dans le mucus) ou dans d’autres termes utilisation d’une technique particulière pour mieux comprendre le mécanisme d’adhésion de pathogènes sur la mucine.
Les bénéfices du projet européen
#4 Un projet peut en cacher un autre
Les projets issus de l’appel à projets RISE visent à favoriser des échanges de personnels entre universités et entreprises européennes. Cela a permis un gain en expertises/techniques additionnelles et la possibilité pour des personnes de secteurs/disciplines différents de travailler ensemble sur des sujets qu’ils n’auraient pu aborder seuls.
Le financement de l’UE d’un tel projet nous a permis d’obtenir plus de résultats dans ce domaine. Le programme d’échange RISE de personnels entre les académiques et les PMEs convenait parfaitement à des études sur plusieurs années, sur la modification de surface du graphène pour mieux combattre cette résistance microbienne.
Une visibilité permettant l’obtention de nouveaux financements
PANG a permis de déposer un brevet et a ouvert des nouvelles façons de collaborer, de travailler ultérieurement sur les coronavirus et les vaccins.
L’équipe-projet a publié pas moins de 28 articles dans des revues scientifiques ; une prouesse qui a permis de mettre en lumière les avancées du projet et de donner de la visibilité à l’IEMN.
Un brevet a également été déposé et éventuellement un second.
Cette visibilité a été un véritable effet levier pour d’autres projets :
- Maturation « E-thermpatch » (2018) par la SATT (sociétés d’accélération du transfert de technologies)
- Coordination de 3 projets :
- Projet européen « CORDIAL-S – Covid-19 diagnostics using a portable surface plasmon resonance sensor for rapid clinical implementation. » (2020-2021) financé par le programme Horizon 2020 dans le cadre de la lutte contre le coronavirus
- Projet national « NanoMERS – Utilisation des nanoparticules innovantes pour inhiber les infections à coronavirus » (2018-2021) financé par l’ANR.
- Projet régional « Traitement du diabète par injection sans douleur d’insuline » (2018-2021) financé par l’i-SITE (appel à projets EXPAND).
L’accompagnement, la clé de la réussite
On peut dire que Sabine SZUNERITS a une bonne expérience des projets européens. En effet, elle a été coordinatrice d’un projet dans le cadre du 7ème programme-cadre (ou FP7) (PHOTORELEASE) dont l’Université de Picardie Jules Verne (UPJV) était également partenaire. L’IEMN a également participé aux projets MATCON (FP7) et Graphtivity (FLAG-ERA JTC 2015).
Pourtant, pour maximiser les chances de réussite, l’équipe-projet s’est bien entourée :
- La cellule ingénierie de projets de l’ex-université de Lille 1 (aujourd’hui appelée STEMP « service transversal expertise et montage de projets ») a mis en contact l’IEMN et la PME régionale LSO Medical
- Un consultant financé entièrement par le Conseil régional dans le cadre du Fonds Régional d’Accompagnement aux Porteurs de Projet Européens (FRAPPE)
Cet accompagnement a particulièrement été utile dans la définition du format du projet, dans l’élaboration de figures et dans l’amélioration de la compréhension du projet.
Ainsi, selon Sabine SZUNERITS, le projet a été retenu car il était bien rédigé avec de bons graphiques et la partie valorisation économique n’avait pas été oubliée.
En savoir plus
Contacter Sabine SZUNERITS – sabine.szunerits@univ-lille.fr
Plus d’infos sur le projet : http://pang.univ-lille.fr
Vous souhaitez monter ou participer à un projet européen et vous faire accompagner : europe@hautsdefrance-id.fr
Si vous souhaitez vous lancer dans un projet européen du programme Horizon Europe, inscrivez-vous à nos webinars pratiques (de décembre 2020 à mars 2021).