Les bénéfices à participer à un projet européen
#5 consacrer du temps pour approfondir un sujet
Les financements européens n’ont pas leur pareil au plan national, tant par le montant de l’aide que par le niveau de risque et d’ambition qu’ils peuvent prendre en compte. Que vous soyez chercheur ou entrepreneur, s’impliquer dans des projets européens, c’est travailler avec les leaders d’un secteur, avoir une longueur d’avance par rapport à l’état de l’art et aux concurrents sur les innovations à venir ou encore gagner du temps de prospection pour accéder à de nouveaux marchés. Cependant, les bénéfices et impacts des projets européens sont bien souvent méconnus, tout comme le chemin pour les obtenir.
Cette série de témoignages (épisode 1, épisode 2, épisode 3, épisode 4) fera la lumière sur quelques projets financés par le programme Horizon 2020. Les porteurs (chercheurs, entrepreneurs, centres de R&D, clusters, etc.) partagent avec vous leurs retours d’expérience. Le but ? Vous permettre de vous projeter grâce à des exemples concrets et pourquoi pas, vous ouvrir aux opportunités européennes ?
Poursuivons la série avec le projet CyberSANE. L’entreprise portugaise PDMFC, coordinatrice du projet, a contacté Inria, l’institut national de recherche en sciences et technologies du numérique, pour participer au projet. L’équipe-projet Fun (Future Ubiquitous Networks) du centre Inria Lille – Nord Europe a rejoint l’aventure en tant que coordinateur du Work Package 2 “User requirements and Reference Scenarios”. Elle y a vu l’opportunité de pouvoir consacrer du temps à la thématique de la sécurité des communications sans fil qui, jusque là, était assez peu traitée faute de financement et de temps.
Nathalie MITTON, responsable de l’équipe-projet Inria Fun et leader d’un work package du projet CyberSANE nous raconte son expérience à mi-parcours.
Le projet
Nom : CyberSANE (Cyber Security Incident Handling, Warning and Response System for the European Critical Infrastructures)
Type : Projet collaboratif de recherche appliquée
Appel à projets : SU-ICT-01-2018: “Dynamic countering of cyber-attacks”
Partenaires régionaux : Inria
Durée : 2019 – 2022
Subventions reçues par les partenaires en HDF : 303 750€
L’appel à projets “SU-ICT-01-2018 -Dynamic countering of cyber-attacks” s’inscrit dans le cadre du pilier 2 “Primauté industrielle” du programme Horizon 2020 et plus particulièrement dans la thématique “Primauté dans le domaine des technologies génériques et industrielles – Technologies de l’information et de la communication (TIC)”. L’objectif est de permettre à l’Union Européenne de soutenir et de développer les débouchés offerts par les avancées dans le domaine des TIC et de les exploiter au bénéfice de ses citoyens, de ses entreprises et de ses communautés scientifiques.
Le projet
L’objectif du projet CyberSANE est de sécuriser les infrastructures de communication qui sont dites « critiques », c’est-à-dire vitales pour le fonctionnement d’une société ou de l’économie (domaine médical ou énergétique par exemple). Si ce type d’infrastrutures est attaqué, les conséquences peuvent être considérables pour une part importante de la population ou un gouvernement. Ces infrastructures vont de la captation de données jusqu’à leur stockage, leur pérennité, et à la sécurisation de la vie privée.
Le projet prévoit le développement d’un système permettant la collecte, la compilation, le traitement et la fusion de toutes les informations individuelles liées aux incidents. L’objectif est de permettre aux décideurs de mieux comprendre les aspects techniques d’une attaque et donc, d’y répondre de manière adaptée.
En d’autres termes, CyberSANE contribue à relever les défis techniques et cognitifs liés à l’identification, la prévention et la protection contre les attaques des infrastructures critiques.
Illustrer les résultats
Le projet est composée d’une quinzaine d’acteurs publics et privés venant de 12 pays différents, avec des spécialités diverses dans des secteurs variés. Cela permettra, à terme, d’illustrer les résultats dans des configurations concrètes. Ainsi, Il y a plusieurs cas d’usage :
Logistique : porté par le Port de Valencia sur des aspects comme la traçabilité par exemple.
Médical : porté par une clinique privée d’Allemagne qui avait eu un problème de piratage et dont l’infrastructure n’était pas assez sécurisée. Ce type de situation met en danger le système, la santé des patients mais aussi les données personnelles.
Energétique : porté par une entreprise qui gère une unité de production d’électricité. Une attaque de centrale, quel que soit le type de production électrique, peut être catastrophique et causer des dégâts à l’échelle d’une ville, voire d’un secteur beaucoup plus grand.
Et l’équipe-projet Fun dans tout ça ?
L’équipe-projet intervient sur la sécurisation de la partie sans fil des infrastructures de communication car les attaques y sont plus faciles : le simple fait de les écouter peut déjà provoquer une fuite d’informations. En revanche, les communications filaires sont plus compliquées à attaquer parce qu’il faut accéder au système, qui est déjà sécurisé.
« Après des échanges au sein de l’équipe, nous nous sommes positionnés sur la partie sans fil parce que nous sommes les seuls à faire ça parmi les partenaires. Nous avons des responsabilités comme la coordination du work package 2 “User requirements and Reference Scenarios” et d’autres tâches, dont la dissémination. »
Les bénéfices du projet européen
#5 Consacrer du temps pour approfondir un sujet de recherche
« Notre cœur de métier est vraiment les communications sans fil, quelles qu’elles soient, et la partie sécurité m’intéresse à titre personnel depuis longtemps. Cependant, nous n’avions pas assez de temps à y consacrer. C’est vrai que CyberSANE donne un cadre un peu plus fermé que ce que nous visions au départ, mais c’est aussi une porte d’entrée, pour ensuite pouvoir élargir la thématique et être plus visible sur cet aspect-là de la recherche. »
Grâce à CyberSANE, Inria a pu recruter un doctorant, Edward Staddon, qui, à ce stade du projet a déjà réalisé un état de l’art très complet. Il a travaillé sur une catégorisation et une taxonomie des attaques, de leurs modes d’identification et des solutions permettant de les identifier et de les localiser. Désormais, en se basant sur cet état de l’art, le défi est de réfléchir à de nouvelles solutions : adapter les solutions existantes ou en créer de nouvelles ?
Une crédibilité boostant d’autres collaborations
« Le fait d’être dans le projet CyberSANE nous apporte, sans aucun doute, de la crédibilité. Prenons un exemple : en parallèle de ce projet, nous nous sommes impliqués dans la création d’un groupement d’intérêt scientifique (GIS) autour justement de la sécurité des communications sans fil. Ce GIS vient d’être validé et je suis persuadée qu’indirectement, notre participation à CyberSANE y est pour quelque chose. Ce groupement va considérablement enrichir notre expertise et permettre des collaborations avec l’Université Gustave Eiffel (l’ex-IFFSTAR), l’IEMN, l’IRCICA, etc. »
L’équipe-projet est composée, en plus de Nathalie MITTON, de la chercheuse Valeria LOSCRI (crédit photo : © Inria / Photo C. Morel) et du doctorant Edward STADDON.
En savoir plus
Contacter Nathalie MITTON – nathalie.mitton@inria.fr
Plus d’infos sur le projet : https://www.cybersane-project.eu/
Vous souhaitez monter ou participer à un projet européen et vous faire accompagner : europe@hautsdefrance-id.fr
Si vous souhaitez vous lancer dans un projet européen du programme Horizon Europe, inscrivez-vous à nos webinars pratiques (de décembre 2020 à mars 2021).
Ce témoignage est le résultat d’un travail mené entre Inria, la Région Hauts-de-France et HDFID.