Peux-tu nous présenter le projet général du Pôle Universitaire d’Innovation (PUI) ?

Il me semble important, pour bien comprendre le positionnement du Pôle Universitaire d’innovation (PUI) de Lille, de rappeler le contexte dans lequel s’inscrit ce nouvel objet. Le déploiement début 2024 des 29 pôles universitaires d’innovation sur le territoire national trouve en effet ses origines dans la Loi de Programmation de la Recherche de 2020, le plan France 2030, et s’inscrit pleinement dans le plan Deeptech porté par Bpifrance.

Sans création de nouvelle structure juridique, les PUI visent à capitaliser sur l’ensemble des initiatives, compétences, outils et acteurs de l’innovation existants pour en renforcer l’articulation afin de maximiser l’impact des résultats de la recherche.

Le PUI de Lille s’inscrit bien entendu dans ces orientations. Il fédère, autour de l’Université de Lille, chef de file, 4 établissements de recherche (CNRS, Inserm, Inria, Inrae), 2 écoles d’ingénieurs (Centrale Lille et IMT Nord Europe), 2 filiales de transfert (SATT Nord et Inserm-Transfert), 1 incubateur (Eurasanté), et le CHU de Lille. Ces fondateurs sont déterminés à œuvrer ensemble pour optimiser et fluidifier la chaîne du transfert et de l’innovation, et renforcer le lien et les passerelles entre mondes académique et socio-économique.

Notre feuille de route repose sur 3 piliers :

• le développement des collaborations avec les entreprises, facilitées par l’irrigation au sein de l’écosystème d’une culture de l’innovation et du transfert ainsi que par et l’amélioration de la qualité de l’accompagnement proposé à nos partenaires socio-économiques ;
• l’accélération de la valorisation de notre recherche et de nos technologies, à travers un accroissement du nombre de projets accompagnés en prématuration/maturation et la montée en TRL de nos technologies ;
• l’accroissement du nombre de création start-ups Deeptech, issues de nos laboratoires de recherche et exploitant des technologies initialement développées dans ces laboratoires.

Comment accompagnez-vous les entreprises vers la coopération avec le monde académiques ? 

Avant d’inciter les entreprises à s’engager dans de nouvelles coopérations, nous devons d’abord nous assurer que nous disposons des ressources et expertises en adéquation avec leurs besoins. Nous allons nous appuyer pour cela sur un réseau de « correspondants innovation », en cours de constitution dans nos laboratoires (chercheurs, enseignant-chercheurs et personnels administratifs), dont le rôle est à la fois d’identifier les recherches et technologies susceptibles de déboucher sur de l’innovation, les projets en émergence, mais aussi de recueillir les bruits des marchés (en lien avec nos business developers).

Sur ces bases, une des actions phares du PUI est la création, l’animation et la coordination d’un réseau de Business Developers (BD), acteurs clés de l’intermédiation entre chercheurs et entreprises.

Ce réseau, piloté par la SATT Nord, comprend des personnes financées par le PUI, et d’autres déjà présentes sur ces fonctions parmi les cofondateurs du PUI (par exemple 4 Ingénieurs Transfert CNRS). Ces Business Developers sont au cœur de la programmation, l’animation et le suivi des nouveaux formats de rencontres chercheur/entreprises. Nous avons pris le parti, pour cette preuve de concept, de privilégier une approche sélective dans la mobilisation des entreprises et de privilégier des entreprises avec lesquelles nous avons pu avoir des échanges directs et réaliser un premier travail de caractérisation de leurs projets, des défis qu’elles doivent relever et de leurs besoins en matière de R&D.

Cette étape amont est bien entendu instrumentée et réalisée en coopération étroite avec les acteurs de l’écosystème d’innovation. Ces Business Developers sont aussi les représentants du PUI de Lille dans tous les espaces de coopération et de rencontre du territoire. Ils sont les garants de notre vision prospective, au cœur des écosystèmes thématiques.

Nous travaillons bien entendu aussi sur les conditions nécessaires pour garantir la fluidité de ces coopérations, à l’image du chantier engagé, sous le pilotage du CNRS, pour harmoniser et simplifier, autant que faire se peut, nos procédures en matière de contractualisation.

Quelles sont les actions concrètes mises en place ?

Notre équipe de Business Développeurs a notamment mis en œuvre, dès le printemps dernier, deux manifestations conçues pour donner à voir le potentiel qu’ouvrent les collaborations recherche publique/entreprise en matière d’innovation et comment les chercheurs peuvent accompagner ces dernières pour relever les enjeux des transitions.

Dans cette perspective, nous avons construit un programme autour de 3 piliers :

• des présentations, à deux voix, de collaborations inspirantes entre la recherche et les entreprises
• des moments B2B et networking
• un accès facilité à l’équipe dédiée de “Business Développeurs” PUI

Les retours d’expériences de ces « pilotes » ont facilité la construction de notre programme de rencontres chercheur-entreprise, dans leur grande majorité thématisées. Pour renforcer l’efficacité de notre action nous finalisons la sélection d’un outil d’aide au suivi de nos relations entreprises (CRM).

Il y a une action sur laquelle nous misons beaucoup. Dans le cadre du PUI, nous finançons des stages de recherche dans nos laboratoires, en lien avec une entreprise. Des étudiants de M2 ou de dernière année d’école d’ingénieur sont amenés, en lien avec les savoir-faire du laboratoire, à analyser les problématiques R&D des entreprises, à accompagner la maturation d’idées et à formuler des préconisations quant aux collaborations à mettre en place. Ces stages sont susceptibles de déboucher sur des collaborations de tous types (recherche partenariale, thèses en entreprise, …). Lancé à titre expérimental dès la fin 2023, ce dispositif va atteindre son rythme de croisière au cours de ce semestre.

S’agissant de la création de startups « Deeptech » toutes les actions de notre feuille de route ont été lancées ou amorcées :

• sous le pilotage du Collège Doctoral de l’Université de Lille, conception d’un dispositif de sensibilisation des doctorants à l’entrepreneuriat et lancement du concours Starthèse, labellisé par le Ministère de la Recherche
• sous le pilotage d’Eurasanté, lancement d’un concours d’innovation destiné aux chercheurs, enseignant-chercheurs, doctorants, post-doctorants, étudiants de M2 ou élèves ingénieurs, en lien avec les technologies développées dans les laboratoires de recherche, toutes disciplines scientifiques confondues
• sous le pilotage d’Inria et de l’IMT, conception d’un cycle de formation à l’entrepreneuriat Deeptech, qui sera lancé au cours du premier semestre 2025

Retrouvez plus d’informations sur la page Linkedin du Pôle Universitaire d’Innovation de Lille

Un article d’Antoine FAUTRAT | Coordinateur du pôle marketing et communication
Dir. Entreprises et Réseaux – HDFID

© Photos : Linkedin Pôle Universitaire de Lille