La start-up amiénoise SIGO propose la thérapie du voyage en EHPAD
Sigo est une jeune entreprise de l’innovation médicale. Dans ce véritable laboratoire installé à Amiens, les équipes composées de créatifs, professionnels de santé et du numérique développent d’ingénieuses solutions pour la prévention de la santé et concoivent des solutions thérapeutiques novatrices et ludiques. A la base de la conception Produit, Jean-Christophe Froment est l’interface entre les professionnels de la santé et les équipes projet
Retrouvez ci-dessous le témoignage de ce dirigeant aux multiples idées et le portrait de cette entreprise où se mêlent imaginaire et thérapeutique et qui a pu bénéficier du Diagnostic Innovation de la Région Hauts-de-France pour se relancer à un moment clé de son développement.
Parlez-nous de votre société SIGO en quelques mots.
[Jean-Christophe FROMENT – photo ci-contre] SIGO est une entreprise labellisée “Innovation sociale” dédiée à la santé. Cela signifie que nous concilions activité économique et intérêt général.
Nos produits permettent de répondre à des problématiques peu ou pas assez adressées aujourd’hui, et c’est par l’innovation que nous tentons de trouver des solutions.
Pouvez-vous nous présenter votre produit phare : le wagon thérapeutique Grand-Via ?
[JCF] Le wagon de train thérapeutique Grand-Via est une solution dédiée aux Ehpads et aux personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer. Concrètement, cela s’apparente à un petit décor de théâtre immersif, une réplique de cabine de train, que nous installons au sein même des établissements.
La cabine est équipée de 4 fauteuils confort et d’une télévision grand écran, qui joue le rôle de fenêtre sur l’extérieur. C’est lorsque le soignant lance la vidéo via la télécommande que la magie opère. Là, les patients (re)vivent l’expérience d’un voyage en train, une sorte d’évasion dans leur quotidien si on peut le dire ainsi.
Ces moments, un peu hors du temps, permettent un apaisement, stimulent la mémoire et la communication des résidents. De part leur maladie, une très large majorité de ces patients pensent effectuer un réel voyage, et les bienfaits sont extraordinaires : réduction de l’angoisse, diminution des déambulations, certains résidents se remettent à parler, se remémorent des souvenirs jusqu’alors oubliés, acceptent de boire ou de manger… Cet apaisement permet aussi de réduire le nombre de médicaments et notamment de psychotropes, qui agissent souvent comme une camisole chimique et qui coupent les malades de leur entourage et de notre monde.
Comment avez-vous eu cette idée et qui sont vos clients ?
[JCF] Le concept vient d’Italie. C’est un médecin de Bergame qui en a eu l’idée en voyant les résidents de son Ehpad déambuler toute la journée, demandant à partir, à rentrer chez eux… Il a observé très rapidement tous les bienfaits de cette “thérapie du voyage”. les résultats étaient très prometteurs. Malheureusement, le prix de sa cabine conçue par l’entreprise italienne nous paraissait prohibitif, ce qui empêchait la diffusion plus large de cette nouvelle forme de thérapie non-médicamenteuse originale et efficace.
Avec le CHU d’Amiens Picardie et l’aide du Professeur Frédéric Bloch, nous avons donc décidé de concevoir un dispositif made-in-Hauts-de-France, entièrement équipé et au tarif bien plus abordable (quasiment moitié moins chère) pour tenter de démocratiser cette thérapie extraordinaire dans notre pays.
Nous recevons de très nombreux appels de maisons de retraite un peu partout en France et parfois même de l’étranger. Nos clients sont des Ehpads publics ou privés, mais aussi de grands hôpitaux qui disposent de services pour personnes âgées.
Quel est l’accompagnement que vous avez reçu par notre agence HDFID ?
[JCF] HDFID nous a suivi depuis le début de l’aventure, en 2019. C’est grâce aux conseils et au travail de ses équipes que nous avons pu bénéficier d’un soutien financier (un Diagnostic Innovation) pour la fabrication de notre wagon prototype.
Cette aide a été plus que salvatrice, car nous avons lancé la commercialisation de notre produit en janvier 2020, c’est-à-dire juste quelques semaines avant l’arrivée du Covid en France ! Nous recevions alors des appels d’établissements intéressés depuis les 4 coins de la France, mais tous nous disaient que leurs budgets étaient bloqués et redirigés pour la lutte contre l’épidémie. Un très mauvais timing pour nous !
Sans cette aide de HDFID, l’entreprise aurait connu un manque de trésorerie qui nous aurait peut-être contraint à stopper le projet. C’est à partir de mi-2021 que la situation s’est débloquée. Depuis, nous installons environ 1 cabine par mois.
”Une solution de redynamisation de l’économie locale made in Hauts-de-France”
[AM] ”Avec l’équipe de notre service accompagnement des entreprises nous avions rencontré Jean-Christophe a une époque où son entreprise était en difficulté et par l’intermédiaire d’un accompagnement (Diagnostic Innovation) il a pu se relancer et engendrer des commandes. Cette subvention a pour objectif de valider la faisabilité d’un projet d’innovation (produit, procédé ou service) d’une TPE/PME, en faisant appel à une prestation technique externe.
Dans le secteur de la santé entre autres, le développement de la concurrence ainsi que l’évolution des besoins du client conduit l’entreprise à toujours être plus performante. Anticiper les changements, voire les provoquer est un des seuls moyens à disposition des entreprises pour assurer leur croissance. Pour cela HDFID est là pour accompagner les start-up ou les PME en Hauts-de-France afin d’apporter un regard extérieur, montrer les axes de progrès et les guider dans les accompagnements régionaux.
Enfin, la solution Grand-Via lancée par Jean-Christophe est une solution de re-dynamisation de l’économie locale made in Hauts-de-France. Elle est donc très clairement au centre de nos actions que nous entreprenons notamment sur la plateforme Res’Hauts-de-France Business.”
Antoine MACRET, Directeur | HDFID
Quels autres accompagnements avez-vous reçu depuis la création de votre société ?
[JCF] Nous avons d’abord été accompagnés par l’incubateur ESS de la Machinerie (Yann Paulmier et Juliane Kurtzke) puis par Amiens Cluster. Aujourd’hui nous sommes hébergés au sein de la pépinière d’entreprises BIOLAB à Amiens, gérée par la CCI Amiens Picardie Hauts-de-France.
Avec quels partenaires collaborez-vous aujourd’hui en Hauts-de-France ?
[JCF] Nous sommes très fiers de proposer une solution made-in Hauts-de-France. Tous nos principaux fournisseurs et prestataires sont sur le territoire d’Amiens métropole ou sa périphérie. Je sais que chacun d’entre eux est très heureux de participer à ce beau projet, porteur de sens et de lien social.
Pouvez-vous nous parler également de votre initiative dans le cadre de la lutte contre le Cancer du sein ?
[JCF] Avec plaisir ! SIGO travaille sur tout un tas de projets santé, pas uniquement sur la maladie d’Alzheimer. Pour jouer un rôle dans la lutte contre le cancer du sein, nous nous sommes donné l’objectif de promouvoir les gestes d’auto-palpation. De l’avis de tous les médecins, cette technique très simple et très efficace n’est pas encore assez connue en France.
Nous avons donc édité un guide pédagogique, une petite brochure très claire et ludique pour permettre aux femmes d’apprendre simplement ce geste santé malin. Pour faire le buzz autour de ce guide, nous l’accompagnons d’une tablette de chocolat (artisanal et local toujours !) en forme de poitrine de femme, enroulée par un joli ruban rose en satin.
Nous commercialisons ces tablettes et ces guides auprès d’entreprises qui les distribuent en interne, pour encourager leurs collaboratrices à prendre soin d’elles et de leur santé. Cette campagne un peu “Olé Olé” se nomme la Campagne Olala ! 2022 sera la 3ème édition. L’année dernière, la campagne avait permis de rapporter 3 000 euros à la Ligue contre le cancer, qui reçoit une partie des bénéfices de l’opération.
Vous débordez d’idées ! Avant de conclure, pouvez-vous nous présenter vos autres projets novateurs à venir dans le domaine de la santé ou dans d’autres domaines ?
[JCF] Nous souhaitons garder encore un peu de mystère sur les nombreux projets en cours. Mais je peux vous dire que nous travaillons depuis un certain temps sur un concept de cache-perfusions pour les enfants en services de pédiatrie.
Comme tout projet santé innovant, c’est un travail complexe, qui mêle normes de sécurité sanitaire drastiques et recherche de praticité d’utilisation pour les soignants qui l’utiliseront.
Nous espérons mener à bien ce projet, car nous savons qu’il tient à cœur de parents d’enfants malades qui nous suivent et nous soutiennent.
Retrouvez plus d’informations sur le site de SIGO Grand Via